Le 9 juin 2022 marquait un nouveau départ pour le fameux restaurant gastronomique Le Pont de Brent, repris par le chef Antoine Gonnet et sa compagne Amandine Pivault qui officiaient encore il y a peu, au 42 à Champéry qui était noté 16/20 au Gault et Millau.
Le Pont de Brent a été hissé en haut lieu de la gastronomie grâce au chef Gérard Rabaey et son épouse Josette. Légendaire pour certains, mythique pour d’autres, l’établissement créé en 1980 a atteint 19/20 au Gault et Millau et 3* au Guide Michelin au moment de leur retraite en 2010, puis repris en 2011 par le chef Stéphane Decotterd jusqu’en 2021 avec un 18/20 au Gault et Millau et 2* au Guide Michelin. En 2022, un nouveau chapitre commence pour cet endroit historique avec Antoine et Amandine.
L’établissement est situé sur les hauteurs de Montreux, à une petite dizaine de minutes du lac. Juste en face de l’établissement, quelques places de parking privées sont réservées aux clients.
Ils sont ouverts du mardi au samedi, fermées les dimanches et les lundis. Horaires coupés.
La salle a été rénovée et remise aux goûts par les nouveaux propriétaires. Ayant mangé sur la terrasse, je n’ai pas de photos, dommage, peut-être la prochaine fois.
La carte propose pour le moment 3 menus. Un menu servi exclusivement à midi, et deux autres menus disponibles les midis et soirs.
Exemples de prix : menu d’affaire, 4 services (85 chf), menu rosée matinale, 7 services (160 chf), menu brise d’été, 9 services (190 chf), Coca Cola 33 cl. (8 chf), bière 33 cl. (10 chf), Sembrancher 75 cl. (12 chf), café (6 chf).
Repas du 17 juin 2022
Déjeuner avec un couple d’amis de la région. Mon premier vrai repas « gastronomique » après plus de dix ans de pause et c’était aussi une première pour mes amis.
Nous sommes venus en voiture, parking privé à dix mètres de l’établissement. Qu’il est agréable de pouvoir se parquer si facilement, sans devoir tourner en rond.
Nous avons été accueillis par la maîtresse des lieux, puis son équipe a pris le relais. Un service composé de trois personnes, souriantes, sympathiques, une ambiance décontractée tout en respectant le « protocole ».
C’était un service de midi assez calme avec sept clients, nous compris. Nous étions tous sur la petite terrasse, un petit jardin ombragé, un sol pavé, un ruisseau qui coule et quelques insectes.
Petit « apéritif », le temps de nous mettre d’accord sur le choix du menu. Un martini blanc (10 chf) pour mon amie, un coca (8 chf) pour mon ami et pour moi, un cocktail sans alcool improvisé (14 chf). Sans alcool, car je suis sensible à sont goût, je ne sens que ça.
Nous nous sommes mis d’accord pour le menu « rosée matinale » (160 chf) qui était sans compter le menu lunch, le petit menu.
Moule
Foie Gras/ Cédrat
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Haricot vert
Perche de Loë/ Cerise
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Homard Bleu
Chou-fleur/ Agrume
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Sandre
Cresson/ Coquillage
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Consommé
Raviole/ Livèche
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Volaille La Belle Luce
Epinard/ Sauce Suprême
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Fromages d’ici et d’ailleurs
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Framboise
Petit pois/ Menthe
En préambule, quelques mignons amuse-gueules : minis malakoff au gruyère, croustillants aux champignons et café, sphères de tomates au basilic thaïe. Ils étaient tous les trois bons, mais mon préféré était le malakoff.



Le pain qui accompagnait le repas a été fabriqué par Thomas Marie de Bread Store, un meilleur MOF boulanger 2007.
Je n’ai pas su apprécier ce pain qui était pas trop à mon goût. Une croûte épaisse, une mie dense, lourde, un peu collante avec une acidulée un peu trop prononcée pour moi.

Le menu a commencé par une mise en bouche à base de moule, foie gras, cédrat : Préparation originale avec un foie gras râpé très fondant en bouche qui cachait en dessous une gelée de cédrat et quelques moules.
Comparé à la forme normale du foie gras, le goût était présent, mais c’était plus léger, plus facile à manger. Plus fin, c’est peut-être une bonne façon d’en manger un peu pour les personnes un peu récalcitrantes.

Haricot vert, perche de Loë et cerise : visuellement réussi, cela m’a fait penser à une petite création florale. Une tartelette fine et croquante, des goûts simples, natures, une crème légèrement acidulée, une touche fruitée.

Homard Bleu, chou-fleur et agrume : c’était très bon, un chou-fleur décliné en de nombreuses formes : sauce, bavarois, nature et taboulé. J’ai beaucoup aimé la pince en tempura. Si seulement je pouvais en manger à volonté comme un sushi, ce serait un premier pas vers le paradis.


Sandre, cresson, coquillage : un plat sympathique et bon. Quelques vongoles et couteaux ciselés, dressés sur un morceau de sandre bien épaisse au centre d’un coulis épais et onctueux de cresson. Excellente cuisson de la sandre qui était tendre avec une peau croustillante.

Consommé, raviole, livèche : très parfumé, il a vite embaumé la table. Une petite raviole de volaille à la pâte fine et tendre. Un goût super, corsé, explosif. Un plat qui était en contraste à ses prédécesseurs qui étaient plus sur des notes nature, fines, subtiles.

Volaille La Belle Luce, épinard, sauce Suprême : une pièce taillée dans la poitrine dans le sens de la longueur, accompagné d’un duo de chanterelles crues et marinées. La cuisson de la volaille était parfaite, une chaire d’une telle tendresse, c’était fabuleux, aussi fondant qu’un saumon mi-cuit.
C’était moi ou il y avait un effet « gloss » sur ce poulet ? Une gelée, une sorte d’abricotine, le secret de son moelleux ? Ou simplement mes larmes de bonheur qui me jouaient des tours.
Je choisis très rarement de la volaille au restaurant, sécurité oblige, c’est souvent trop cuit à mon goût, mais là, j’ai été épaté, bluffé. Pour moi, la cuisson était parfaite, mais mes amis auraient préféré un petit peu plus cuit.

Émulsion moitié-moitié aux myrtilles : un plat déroutant, la première bouchée était bizarre, même un peu écoeurante, mais petit à petit, le palais s’est habitué et c’est devenu plutôt bon et plaisant. Il pouvait être remplacé par le chariot de fromage (+18 chf) ou de la faisselle accompagnée de sucre, crème et confiture.

Framboise, petit pois, menthe : pour clore ce menu, un dessert coloré et léger, sorbet framboise, menthe en granité, c’était très rafraichissant.

Pour mettre un point final à ce repas, quelques mignardises pour accompagner nos cafés. Un coffret remplit de chocolats, des macarons ainsi que des bricelets confectionné par madame Rabaey.



Pour résumer, un joli repas haut en couleur, textures et goûts, mélangeant des produits de la terre et de la mer, un régal du début à la fin. Les cuissons étaient très justes avec un joli travail de mise en scène autour des plats.
Un repas qui me redonnerait presque envie de remettre un pied dans ce monde gastronomique « chic et étoilé » après ma pause.
Ce lieu est un peu particulier pour moi, parmi les nombreux restaurants gastronomiques, il a fait partie de mes préférés, j’y ai passé des moments délicieux, j’ai eu la chance de pouvoir déguster en 2008, 2009 et 2010 à la cuisine de Gérard Rabaey quand il était aux commandes, il avait un style que j’appréciais beaucoup. Le pot-au-feu de foie gras, le canard de « Challans » rôti au cassis, le ris de veau … ahhh.
Je souhaite aux nouveaux tenanciers un destin tout aussi extraordinaire.
Le Pont de Brent
Route de Blonay 4
1817 Brent
+41 21 964 52 30
www.lepontdebrent.ch
Crédit photo : foodaholic